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À ma fille

Il y a deux ans, mon mari, mon fils, ma fille et moi, étions en vacances. Il faut vous dire qu’aucun de nous quatre n’a les mêmes goûts, ce qui ne facilite pas les vacances en commun ! Mais pourtant, nous aimons quand même être ensemble.


Nous visitions donc une ville étrangère quand, une après-midi, nous nous sommes demandés : visiterons-nous ceci ou cela ? Mon mari et mon fils voulaient visiter ceci, ma fille et moi voulions visiter cela… et j’ai dit, sans y penser : « D’accord, suivons les garçons ! »

Et ma fille a dit, en y pensant, elle : « Pourquoi, pour une fois, ne seraient-ce pas les garçons qui nous suivraient ? »

Les garçons se mirent à bouder, et j’ai dit à ma fille : « Ce n’est pas très important de visiter ceci ou cela, ma chérie. »

Et elle a dit : « Si ce n’est pas important, alors les garçons peuvent bien visiter ce qui nous plaît, à nous ! Sous prétexte que je ne dis jamais rien, que je ne râle pas et suis toujours de bonne humeur, comme toi, et que je me contente de ce que proposent les garçons, on fait toujours à leur idée ! »

Bon, elle exagérait un peu ! mais elle avait mis le doigt sur mon comportement, celui que j’ai appris de ma mère, celui qu’elle a appris de sa mère, etc…

Alors j’ai dit : « Les garçons, allez ensemble, nous les filles, nous irons de notre côté, et ce soir, nous serons heureux de nous raconter nos après-midi ! »

Ainsi fut fait.

Mais pour moi, l’histoire ne s’arrêta pas là. Elle me fit réfléchir.

J’avais toujours pensé que j’éduquais mes enfants, garçon et fille, de la même façon : je les traite de façon égale, je leur demande les mêmes corvées ménagères et, bien sûr, je les adore autant !

Mais je ne m’étais pas rendu compte que la différence entre les sexes, que j’inculquais inconsciemment, était dans mon propre comportement : sur des petites choses du quotidien, je cédais facilement. Est-ce par manque d’énergie ? Une femme en même temps maman et travailleuse a tant à faire dans une journée de 24h ! Est-ce pour ne pas avoir à batailler ? par facilité ? que, en quelque sorte, je sacrifiais mon propre plaisir à celui des garçons de la famille ?

Quoi qu’il en soit, c’est uniquement parce que je cédais à leur désirs, qu’ils m’imposaient les leurs.

Alors pourquoi ne rien dire ? Si les hommes qui vous entourent sont, comme mon mari et mon fils, des gentils hommes qui ne feraient pas de mal à une mouche et qui sont tout prêt à vous faire plaisir, pourquoi ? mais pourquoi ? ne pas leur dire :

« Voici ce qui me plaît, voici ce que je pense, voici ce que je suis, voici ce que je voudrais faire ou être. Vous, hommes, vous avez votre histoire, votre façon de la vivre. Même en parallèle, et main dans la main, moi, femme, j’ai parfaitement le droit d’avoir mon histoire, de la raconter et de la vivre à ma façon. »

Je ne vous raconte pas cette histoire en vue de déclencher une nouvelle révolution. Loin de moi cette pensée, d’autant plus que je ne crois pas aux révolutions. Non. Je raconte cette histoire pour inciter chaque femme à écrire sa propre histoire dans chaque faits et gestes du quotidien :

Votre envie d’avoir des rideaux verts est égale à l’envie de votre homme d’avoir des rideaux bleus ― ne divorcez pas, trouvez un compromis !

Votre envie de regarder un film d’amour est égale à l’envie de votre homme de regarder un héros male et Hollywoodien sauver des vies et échapper à un immeuble qui explose ― de façon tout à fait improbable, si vous voulez mon avis !

Conclusion, pour ne pas s’imposer de jouer les seconds rôles, pour changer notre regard sur nous-mêmes, pour nous, pour nos filles, lisons des histoires écrites par les femmes, regardons des films réalisés par des femmes. Nous sommes les héroïnes de nos propres vies, et il est probable que nous n’en ayons qu’une… !

La femme est l’égale de l’homme. Le 21ème sera féminin !

Gabrielle Dubois©

 

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