Comment faire la critique, la synthèse de ce livre ? Je ne sais pas. Ou, pour sauver la face, je dirais : je manque de temps pour rassembler en quelques phrases les idées, les pensées, la
clairvoyance, l’intelligence de Germaine de Staël !
Car, accrochez-vous, quasiment chaque phrase de cette brillante femme porte à réflexion. Mais en même temps, c’est clair, évident, facile. Et je suis en admiration devant tant de génie (féminin)
si peu mis en avant dans les manuels scolaires des lycéens français !
Mais revenons à Germaine de Staël qui était un grand écrivain politique. Napoléon disait d’elle, ironique : « Cette femme apprend à penser à ceux qui ne s’en aviseraient pas ou qui l’auraient
oublié. » Car elle était libérale, démocrate et européenne, à l’encontre de l’Empereur qui l’exila. Elle militait pour le divorce et le droit des femmes au bonheur ― le Code Civil de 1810 de
Napoléon est à l’opposé de ces notions ! ― Elle défendait la liberté d’expression et l’abolition de l’esclavage. Et elle vécut : elle eut des maris, des enfants, des amants. Elle les aima tous
avec passion. Germaine de Staël ne négligea ni son esprit, ni son corps, ni son cœur.
Si la démocratie ne peut s’exercer qu’avec le consentement du peuple, alors ce peuple doit être éduqué pour être capable de faire les bons choix :
« Les progrès de la littérature, c'est-à-dire, le perfectionnement de l'art de penser et de s'exprimer, sont nécessaires à l'établissement et à la conservation de la liberté. »
C’est pourquoi les tyrans ont peur de l’éducation : « Mon père me disait souvent qu’un journal libre ferait plus de mal à Bonaparte qu’une armée de cent mille hommes. » Alors le tyran muselle la
presse qui devient son esclave : « Bonaparte ne peut souffrir la liberté de la presse, mais il aime beaucoup à se servir de la presse esclave. Il fait parler les journaux de mille manières
différentes. Il connaît l’importance de l’opinion et ne se lasse point d’agir sans cesse sur elle. »
Germaine de Staël aborde toutes les facettes de l’écriture. Comme la poésie :
« Le don de révéler par la parole ce qu'on ressent au fond du cœur est très rare ; il y a pourtant de la poésie dans tous les êtres capables d’affections vives et profondes ; l’expression manque
à ceux qui ne sont pas exercés à la trouver. Le poète ne fait pour ainsi dire que dégager le sentiment prisonnier au fond de l’âme. »
Elle se pose aussi des questions difficiles et tellement d’actualité :
« Que deviendrait-on dans un monde où l'on n'entendrait jamais parler la langue des sentiments bons et généreux ? »
Si vous voulez savoir la réponse, lisez Germaine de Staël ! Et vous obtiendrez plus qu’une réponse :
« Que de consolations nous sont données par les écrivains d'un talent supérieur et d'une âme élevée ! »
Cela vaut le coup, non ?
Le futur est féminin, c'était hier, c'est plus que jamais aujourd'hui !©
Gabrielle Dubois©