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The wrong Kind of Women, by Naomi McDougall-Jones

Ce livre est un état des lieux de l’industrie du film américain et particulièrement hollywoodien. En gros, ce n’est pas joli, vraiment, vraiment pas joli… et en particulier pour les femmes, qu’elles soient storyteller, réalisatrice ou actrices.

Pour amener le public à comprendre cette étude, Naomi commence par nous dévoiler, sans rien omettre, sa propre expérience en tant que jeune actrice sortie de la célèbre American Academy of Dramatic Arts : l’AADA.
Si vous croyez que sortir ―et déjà entrer !― de l’AADA est la voie royale pour Hollywood, eh bien, Naomi vous détrompe grandement ! C’est à ce moment que débute le livre, quand la jeune actrice essaye, comme des centaines de ses camarades, de décrocher, même pas un rôle ! seulement un casting.
Là, tout devient, glauque, sombre, voire, malheureusement, souvent sordide ! Bon, vous allez me dire, on connaît ça, les jeunes acteurs qui font la plonge dans un restaurant et vivent dans de petits appartements en colocation pour survivre en attendant de décrocher Le rôle. Mais rien de ce que vous avez pu voir, entendre ou lire ne vous prépare à cette plongée ethnographique au Purgatoire, comme l’appelle Naomi McDougall Jones.
Les filles, surtout, sont traitées comme du bétail. Pire : le bétail garde son cuir, les filles, elles, perdent souvent non seulement leurs vêtements , mais aussi leur dignité.

Bon, là, vous vous dites : Eh bien, qu’elles fassent un autre métier ! C’est aussi ce que je me suis dit.

Mais c’est là que le livre devient encore plus intéressant… parce que l’auteur est loin d’être bête et se pose des questions, dont la première :
‘Et si j’arrêtais de vouloir devenir à tout prix une actrice ?
Dois-je effacer les premières rides qui menacent ma jeunesse physique ?
Dois-je perdre quatre pounds ?
Suis-je trop rousse ? Trop grande ? Trop intelligente ?
Suis trop ceci, pas assez cela ?
Pourquoi mon amie actrice noire n’obtient-elle de rôle que quand elle prend un soi-disant accent noir ?
Pourquoi aucun producteur et distributeur ne font confiance à mon amie réalisatrice ?
Pourquoi les actrices ont moins de premiers rôles que les acteurs ?
Pourquoi les rôles féminins ont-ils si peu de texte par rapport au rôles masculins ?
Dois-je rentrer dans le moule ?’

Réponse des directeurs de casting, réalisateurs :
‘Ne pose pas de questions, ne fait pas de vagues, n’ouvre pas ta bouche et espère que ta carrière va décoller dans ce monde tel qu’il est : un monde hollywoodien aux mains d’hommes blancs.’

‘Bon, d’accord’, a dit Naomi MacDougall Jones…

Non ! Je blague !
Naomi a ouvert sa bouche, a dénoncé un système vicieux, a écrit un livre que je vous conseille grandement de lire.
Tout d’abord parce que, comme Naomi l’explique, l’impact du cinéma, des histoires racontées au cinéma a un énorme impact sur la représentation de la femme dans l’inconscient collectif, un énorme impact que la vision que chaque femme a d’elle-même, dans le monde.
Ensuite parce que la seule chose qui aidera les femmes à être considérées comme les égales des hommes, est d’être solidaires. Cela ne veut pas dire se fondre dans le même moule, avoir les mêmes idées politiques, artistiques ou autres. Au contraire, les femmes doivent être solidaires en gardant chacune leurs différences. Nous sommes plus qu’une secrétaire blonde et idiote, qu’une femme fatale brune, qu’une femme noire, grosse et agent de sécurité, qu’une femme indienne empêtrée dans la tradition, qu’une femme mexicaine sans carte de séjour.

Vous croyez que je vous ai révélé tout le livre ? Loin de là ! Certaines révélations sur les dessous du cinéma m’ont fait tomber à la renverse !
Naomi McDougall Jones veut nous aider à montrer notre diversité, notre existence, notre intelligence, notre variété de corps et d’esprit. Seule contre Hollywood elle a osé porter la parole des femmes, lisons son livre pour diffuser cette parole, notre parole.  
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