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Mémoires de l'Occitanienne, par Léontine de Villeneuve, Comtesse de Castelbajac,

Léontine de Villeneuve, Mémoires de l'Occitanienne

Non, Léontine de Castelbajac n’est pas « l’Occitanienne » décrite par Chateaubriand dans ses Mémoires d’Outre-Tombe, tome V. Quand Léontine rencontre l’écrivain, de trente-cinq ans son aîné, en cure dans les Pyrénées, à Cauterets, la jeune fille l’admire, échange des conversations, mais certainement pas de l’amour ! Comme un grand vieil auteur aime parfois à s’aveugler ou à paraître ! Mais passons…

Quelques portraits de différents proches de Léontine, née en 1803 :
« Au moral, elle possédait, comme certaines Méridionales, quelque chose de capricieux et d’attirant. Au physique, son regard était prompt, sa bouche un peu dédaigneuse et son sourire singulièrement doux et spirituel : ses manières étaient tantôt hautaines, tantôt d’une aimable simplicité. Il y a dans toute sa personne de l’abandon et de la dignité, de l’innocence et de l’art. »

« Mme de Castelbajac n’appartenait pas en vain à cette lignée des Villeneuve dont plus d’une femme avait une plume dans sa corbeille à ouvrage et savait fort bien s’en servir. »
Quand à la grand-mère de Léontine, « Elle n’avait d’autre occupation que de lire ou d’écrire. Les travaux féminins lui étaient inconnus. Les lectures étaient sa joie. Tout lui était bon, pourvu que cela l’amusât ou l’intéressât. » Un jour qu’elle lisait un roman facile, sa fille lui dit :
« - C’est une littérature indigne de vous !
- Ces absurdités m’amusent, répondit la grand-mère avec gaieté. Et l’on aurait le vertige s’il fallait toujours rester dans les hauteurs ! »

Combien de plumes de femmes élevées dans l’idée de se faire humbles, n’ont pas pu exprimer toutes leurs idées, tout leur potentiel ?
Léontine de Castelbajac, bien que toute empreinte de sa noble condition, est de celles-là. Il ne faut pas imaginer pour autant que sa vie a toujours été facile. Les enfants, nobles ou paysans, à Hauterive, étaient tous élevés « à la dure ». La petite Léontine, pour endurcir son organisme, était très peu couverte en hiver et n’avait pas le droit de s’approcher de la cheminée le soir. Elle a le souvenir d’avoir crevé de froid pendant des années !
Léontine commence ses mémoires familiales avant sa propre naissance. On voit comment la Révolution Française a été vécue et c’est passionnant et merveilleusement écrit. Je me suis beaucoup servie de ce livre en tant que bibliographie pour mon roman Violette et Napoléon.
Il n’est malheureusement plus réédité depuis… toujours ? Donc, si vous le trouvez, chez un bouquiniste, achetez-le, il vaut le coup !

Le 21ème siècle doit être féminin ! Gabrielle Dubois©