CUSP a reçu le U.S. Documentary Special Jury Award. Quel incroyable première sortie de film
pour THE 51 FUND about !
Comme il y a eu un avant et un après 68, il y aura bientôt un avant et après CUSP. La parole a été donnée à des adolescentes américaines vivant dans patriarcat hors d’âge et un culte du héros. Ce
culte est écrasant pour les hommes: il est pour eux un poids et une responsabilité au-dessus de l’humain, c’est pourquoi il dérive souvent vers l’incompréhension et la violence. Il est d’autant
plus pour les filles et les femmes qui subissent une masculinité toxique.
Comment CUSP n’aurait-il pas pu gagner le Prix Spécial du Jury de Sundance ? Ce reportage long-métrage est émouvant, intimiste, effrayant et choquant quand les filles racontent les agressions
qu’elles ont subies. CUSP est une prise de conscience des trois adolescentes Aaloni, Autumn et Brittney: au fur et à mesure qu’elles se racontent, elles se rendent compte de l’anormalité de ce
qu’elles ont vécu et qu’elles vivent sur le moment. CUSP est un espoir: l’avenir est ouvert, ce monde n’est pas figé, on peut le changer, CUSP en est la preuve. Le rythme du film est parfait, la
photographie très belle, la capture de l’intimité des filles entre elles, très touchante.
Au milieu de leur monde masculin et malsain, les filles débordent de féminité dans le beau sens du terme: compréhension, amour, compassion, protection des unes envers les autres.
Au-delà des couleurs, des tendances, CUSP nous pousse à la réflexion bien après la fin du film et c’est ce qui est intéressant. Ni larmoyant ou miséreux, mais cru et tendre, dur et doux, laid et
beau, plein d’espoir pour qui sait le regarder.
L’amour existe. Il est souvent, et dans beaucoup d’endroits sur la terre, mis à mal. Après CUSP, il sera de nouveau revendiqué avec des forces décuplées. La générosité, l’audace, les contrastes,
les belles passions, le sentiment humain, voilà qui donne envie de se lever. Il faut trouver une nouvelle vision du monde et de l’humain ― hommes et femmes ― pour vivre différemment.
"Nous voulions que le film soit aussi vibrant et énergique que les filles", disent Isabel
Bethencourt et Parker Hill , les deux réalisatrices. Eh, bien, il l’est, et je suis très
honorée et fière de faire partie de cette aventure !
Gabrielle Dubois