Louise Michel est une femme complète. Son intelligence s’étend brillamment sur plusieurs domaines. Son esprit est ouvert en permanence au monde, sa flore, sa faune, ses hommes, ses femmes, ses
enfants. Son cœur est assez grand pour accueillir les misérables de son siècle industriel et dur pour le petit peuple, les peuples d’origine et de coutumes différent de l’Occident comme les
Canaques de Nouméa qu’elle rencontre et apprend à connaître alors qu’elle est déportée après la Commune de Parsi de 1871.
Louise Michel souhaite ardemment, de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa compassion que le pain ne manque sur aucune table, que les filles puissent accéder à l’éducation, que
les femmes soient les égales des hommes.
Préface de 1886: "Ceux qui l’approchent pour la première fois sont tout stupéfaits de se trouver en face d’une femme à l’abord sympathique, à la voix douce, aux yeux pétillants d’intelligence et
respirant la bonté. Dès qu’on a causé un quart d’heure avec elle, toutes les préventions s’effacent, tous les partis pris disparaissent: on se trouve subjugué, charmé, fasciné, conquis. On peut
repousser ses idées, blâmer ses actes ; on ne saurait s’empêcher de l’aimer et de respecter, même dans leurs écarts, les convictions ardents et sincères qui l’animent." Elle vouait une véritable
adoration à sa mère que pourtant ses périlleuses aventures, ses engagements risqués ont fait vieillir prématurément. L.M. "a conservé une jeunesse de cœur et d’allures, une fraîcheur de
sentiments qui lui donnent un charme incroyable: câline, tendre, affectueuse, se laissant gronder par ses amis et les tourmentant, de son côté, avec une mutinerie de jeune fille."
Louise Michel est une femme de tant de richesses!
Sa sensibilité l’a faite poète. Ses poèmes sont nombreux, certains sont perdus. Ses pages décrivant la flore de Nouméa sont absolument magnifiques. Cette nature qu’on croit statique bouge sous sa
plume, évolue, va, vient, se transforme et renaît dans un mouvement perpétuel merveilleusement rendu où les formes et les couleurs vous sautent aux yeux.
Sa curiosité scientifique l’a faite botaniste. Déportée en Nouvelle-Calédonie, elle vaccine des papayers avec la sève de papayers malades de la jaunisse, les papayers vaccinés attrapent la
maladie et en guérissent… avant Pasteur!
Lisez ce témoignage pour l’enfance de cette femme hors du commun, son amour pour les animaux, les enfants, ses réflexions sur la mort, son écriture qui semble simple mais qui est pleine de
sentiments et de pensée.
Louise Michel et les misérables: "Si seulement les enfants avaient du pain à l’appétit de leurs jeunes dents avides de petits loups humains, qui ne trouvent rien, même en sortant du bois ! Rien !
Je me trompe, ils trouveront la maison de correction, où la dureté avec laquelle ils sont traités prépare de futurs condamnés à mort ou au bagne."
Louise Michel et les femmes: "S’il est opportun à certaines gens que la fille du peuple soit dans la rue sous la pluie et la honte pour sauvegarder la fille du riche, s’il leur plaît de conduire
par troupeau les femmes au lupanar; nous, qui ne voulons plus d’achat et de vente de chair humaine, nous disons bien haut: Plus de questions personnelles ni de questions de sexe!"
Louise Michel et le mariage: Alors qu’elle a douze ou treize ans, Louise Michel est demandée en mariage à ses grands-parents par deux hommes d’un certain âge, successivement. L. M. refuse le
premier en citant une farce de Molière ! et le deuxième, qui a un œil de verre, en lui demandant, faussement naïve: "Monsieur, est-ce que l’autre est en verre, aussi?" Plus sérieusement,
elle en tire des réflexions sur le mariage: Ces deux prétendants "faisaient la paire. Même idée de choisir une fiancée toute jeune et de la faire repétrir comme une cire molle pendant quelques
années avant de se l’offrir en holocauste."
Louise Michel et la révolution: "L’être, comme la race, monte et s’épanouit en feuilles et en fleurs. Pareils aux fruits verts, nous ne serons bons qu’à engraisser le sol, mais ceux qui viendront
après nous porteront semence pour la justice et la liberté. La sève qui monte, à notre époque de transition, est puissante. Il ne peut naître aujourd’hui que des croissements humains, à travers
des vicissitudes infinies, que des races révolutionnaires, chez ceux mêmes qui nient l’imminence de la Révolution… Salut à l’humanité libre et forte qui ne comprendra pas comment si longtemps
nous avons végété, pareils à nos aïeux des cavernes, ne dévorant plus la chair les uns des autres (nous ne sommes plus assez forts), mais dévorant leur vie."
Louise Michel et les femmes de la Commune : "La femme, cette prétendue faible de cœur, sait plus que l’homme dire: Il le faut! Elle se sent déchirée jusqu’aux entrailles, mais elle reste
impassible. Sans haine, sans colère, sans pitié pour elle-même ni pour les autres, il le faut, que le cœur saigne ou non."
Louise Michel et l’avenir: "Dominer, c’est être tyran, être dominés, c’est être lâches!... Et le lendemain? dit-on. Eh bien, le lendemain, il est l’humanité nouvelle, elle s’arrangera dans ce
monde nouveau : est-ce que nous pouvons comprendre ce lendemain-là ?… En révolution, l’époque qui copie est perdue, il faut aller en avant."
Gabrielle Dubois
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