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Louise Saint Quentin, Tome 1

SOUS LES EUCALYPTUS

1876, Louise Saint Quentin, seize ans, se retrouve seule à la tête d’un riche domaine agricole. La voix de la raison lui conseille de prendre un mari pour gérer son héritage. Mais Louise est une belle jeune fille passionnée, gourmande de la vie et avide de connaissances. Au travers d’hommes qui mènent cette société et qu’elle fascine, elle apprendra la musique romantique, la cuisine moderne des restaurants parisiens, la peinture impressionniste et surtout, la sensualité et l’amour. La quête d’amour, à cheval, en chemin de fer, en bateau, mènera Louise toujours plus loin, poussée par un insatiable désir de vie. Quand on a commencé la lecture des aventures fraîches et trépidantes de Louise, il est impossible de reposer ce livre. Grâce à des dialogues vivants et percutants qui nous transportent au cœur de l’action riche en rebondissements, on est tenu en haleine jusqu’au bout de la terre, de l’histoire, et au-delà. Un beau roman d'aventure, une héroïne principale très attachante. Un livre qui tient en haleine et qui fait du bien. Une écriture qui régale du début à la fin.

Gabrielle Dubois

Louise Saint Quentin, Tome 1

SOUS LES EUCALYPTUS

EXTRAIT

« ... Toute cette conversation pour rien. Ses espoirs s’envolaient. Où trouver Georges ? Les questions se bousculaient à toute vitesse.

- Je dois partir, annonça-t-elle, vivement.

M. Meyer s’était levé aussi. Sans demander la permission à Louise, il prit ses mains dans les siennes, les caressa et lui dit doucement à l’oreille, sa voix sonnant comme une petite musique :

- Louise, jolie Louise, dites-moi ce qui se passe. Je ne vous laisserai pas partir dans cet état-là.

La jeune fille sentit sa poitrine mollement écrasée sur le torse de M. Meyer. Il l’entourait fermement de ses bras, plus fermement que ne l’autorisait l’étiquette, pensait-elle, bien qu’elle n’eût qu’une très vague idée de ce que pouvait être l’étiquette. Il reprit :

- Là, là. Nous allons nous rasseoir. Je vous ai raconté tout ce que je sais, maintenant c’est votre tour, je vous écoute.

Louise se rassit, docilement. Qu’il était facile de se laisser guider, pour une fois. Karl Meyer insista de sa voix musicale :

- N’avez-vous donc plus de nouvelles de votre frère, mademoiselle ? Depuis quand ?

- Depuis toujours en fait. Georges n’a jamais voulu de moi pour sœur.

Louise mit promptement sa main devant sa bouche, mais il était trop tard, elle s’était confiée à cet homme qu’elle venait juste de rencontrer, un étranger.

- Ne vous en voulez pas, cela fait du bien de parler. Du reste, vous ne m’avez pas l’air d’être le genre de jeune personne à parler trop, je me trompe ?

- C’est plutôt que je n’ai pas tellement eu l’occasion de parler jusqu’à présent, et voici que c’est devant vous, monsieur, que je me mets à raconter mes histoires. Je suis vraiment confuse.

- Vous ne m’avez pourtant encore rien dit, mademoiselle St Quentin, je vous écoute.

- Ma mère est morte en me mettant au monde alors que Georges n’avait que huit ans.

- J’en suis désolé.

- Il est parti au pensionnat de son propre chef et il n’en est presque jamais revenu depuis. Vous êtes bien placé pour le savoir.

Karl Meyer accusa le coup de la franchise de Louise qui continua :

- Notre père a sombré dans… la tristesse au décès de sa femme, et il est lui-même décédé il y a peu de temps. Le domaine revient entièrement à Georges, je dois le lui annoncer.

Louise soupira aussi fort qu’un enfant après un chagrin. Elle ne savait plus quoi dire, mais M. Meyer restait silencieux, alors, elle reprit enfin :

- Je me rends compte maintenant que je dois vous sembler bien ridicule et dérangeante de venir chez vous sans m’annoncer, de vous questionner et de vous ennuyer avec mes histoires de famille. Je vous prie de bien vouloir m’excuser.

Elle se leva et jeta un dernier regard circulaire sur cet adorable salon :

- Je vous laisse monsieur, merci et…

- Mademoiselle St Quentin, dit-il fermement, il est hors de question que je vous laisse partir comme cela, je vous l’ai déjà dit.

Il reprit sa main et l’attira sur le canapé. Karl Meyer était séduit par la voix douce et claire de Louise et son discours simple et direct, sans faux semblants.

- Je me sens une dette envers vous, mademoiselle.

Louise leva vers lui un regard étonné. Karl reprit :

- Je me suis satisfait d’avoir Georges à la maison pendant toutes ces années, sans jamais me demander pourquoi il ne rentrait pas plus dans sa famille. Je savais qu’il n’avait plus sa maman, quant à votre père, votre frère restait très vague à son sujet, disant qu’il n’était pas mauvais, mais qu’il ne se rendait pas vraiment compte si son fils était chez lui ou non. En revanche, je ne connaissais pas votre existence, mademoiselle, votre frère n’en n’a jamais fait mention, je suis désolé.

Si Louise avait eu à un moment le courage de se lever pour partir, elle ne l’avait plus à présent. Ainsi, son frère niait son existence, son père n’avait jamais éprouvé un quelconque intérêt envers elle, pas un seul remords, même avant de mourir. Elle ne faisait pas non plus partie de la famille de Marguerite et Joseph. Ici dans ce salon, à Paris, chez cet inconnu, elle se sentait moins seule qu’elle ne l’était chez son père. M. Meyer se déplaça sur le canapé pour se retrouver presque en face de Louise, leurs genoux se touchaient :

- Louise, regardez-moi. Regardez-moi ! insista-t-il, gentiment.

Elle leva son visage vers lui, ses grands yeux noirs comme le charbon, son nez droit, ses jolis lèvres moelleuses.

- Nous trouverons une solution, mademoiselle, mais il se fait tard. Je vous fais préparer une chambre, et Gaston trouvera bien une place pour vos gens.

Louise reprenait ses esprits.

- C’est très gentil à vous, monsieur Meyer, mais j’avais prévu de trouver un hôtel, cela ira très bien, je vous remercie.

M. Meyer se fit autoritaire :

- Hors de question mademoiselle St Quentin. Mon hôtel est immense, vous aurez une clé pour votre porte et votre femme de chambre pourra rester avec vous pour la nuit, à votre convenance, si c’est cela qui vous inquiète. Je n’ai aucunement l’intention de vous importuner !

- Je ne voulais pas vous fâcher, et je n’ai pas peur de vous !

- Quelle agréable remarque, je vous remercie de cette marque de confiance ! ... »